Jeudi le 19 avril 2012, une douzaine de profs, soutenus par des dizaines d’autres, se sont livrés au quartier général de la police de Montréal en déclarant :
« Nous sommes des professeur-e-s des universités et collèges du Québec. Alors que des collègues de l’UQO sont arrêté-e-s, alors que nos institutions subissent une occupation policière, alors que des professeurs de l’UdeM se font dire comment faire leur travail p…ar des agents de sécurité, on ose nous demander, entre expulsions, amendes et matraques, de condamner la prétendue violence du mouvement étudiant. Sachez que si des injonctions devaient s’imposer également dans nos institutions, nous refuserions d’obtempérer, désobéissant ainsi à la loi.
C’est pourquoi, par souci d’économie d’essence et de travail, nous vous demandons de nous arrêter immédiatement ! »
La version intégrale du texte « La dérive » de Joan Sénéchal lu durant l’action est disponible au http://profscontrelahausse.org/action…
« La désobéissance civile est l’infraction délibérée à la loi au nom d’une cause sociale vitale. Cela devient non seulement défendable mais nécessaire lorsqu’un manquement à un ou plusieurs droits humains est de rigueur et quand la voie légale n’est pas ou plus adéquate pour garantir ce droit. […] Son objectif est toujours de réduire l’écart entre la loi et la justice et ce dans un processus infini du développement de la démocratie. […] Il n’y a aucune valeur sociale à une obéissance générale à la loi […]. L’obéissance à de mauvaises lois est une façon d’inculquer une soumission abstraite à la « règle de la loi » et ne peut qu’encourager la tendance déjà très forte pour les citoyens à s’incliner devant le pouvoir de l’autorité, à renoncer à défier le statu quo. Exalter la règle de la loi est une marque absolue de totalitarisme et il est très possible d’avoir une atmosphère de totalitarisme dans une société qui possède plusieurs attributs d’une démocratie. Insister sur le droit des citoyens à désobéir à des lois injustes et le devoir des citoyens de désobéir à des lois injustes et dangereuses est l’essence même de la démocratie, qui assume que le gouvernement et ses lois ne sont pas des choses sacrées, mais des outils servant certains buts : la vie, la liberté, le bonheur. Les outils ne sont pas indispensables, les buts si. […] Si un acte spécifique de désobéissance civile est un acte moralement justifiable de protestation, alors l’emprisonnement de ceux qui s’engagent dans cet acte est immoral et se doit d’être contesté jusqu’à la fin. Les manifestants ne doivent pas être plus amènes d’accepter la punition qui va avec l’infraction de la loi que d’accepter la loi qu’ils enfreignent. Il se peut qu’il y ait des occasions où les manifestants désireront aller de leur plein gré en prison, voyant cela comme un moyen de continuer leur protestation, comme d’une façon de montrer à leurs concitoyens l’injustice occasionnée. […] Le point clé ici est de s’assurer que l’esprit même de la protestation est maintenu tout au long du processus. […] » (Howard Zinn, Désobéissance civile et démocratie, 1968)